J’ai écrit cet article en pensant à « Julia », 4 ans, et à sa petite sœur, « Flavia », 18 mois qui viennent de perdre leur maman suite à un cancer du sein.
Voilà un sujet inhabituel et très peu traité et pourtant l’enjeu est vraiment très important car l’impact psychologique et affectif sera énorme.
Si le deuil n’a pas été parlé et accompagné, si l’enfant qui a perdu sa maman ou son papa n’est pas pris en compte ni aidé, c’est une bombe à retardement qui se met en place en lui. Cela reviendra en effet inévitablement, comme un boomerang, à l’adolescence et à l’âge adulte et cela impactera toute la vie future de cet enfant, dans son couple et dans sa famille. Cela générera souffrances et difficultés lesquelles auraient pu être évitées ou atténuées si l’entourage avait su quoi faire, quoi dire, au moment du deuil surtout, mais aussi au fil des questions et de la croissance de l’enfant.
J’ai eu l’opportunité de rencontrer Marie-Madeleine de Kergolay.Soubrier, je vais donc vous transmettre quelques-uns de ses messages pour aider toutes les personnes confrontées à la mort d’un mari ou d’une femme et qui se retrouvent seules avec des enfants en bas âge à élever et à aimer.
Cette femme a profondément été marquée par le décès de sa maman et de sa sœur, lorsqu’elle avait 6 ans. Son cheminement personnel l’a conduite à s’engager pour transmettre et à écrire un livre « Tu n’es pas seul » dans lequel elle dispense des conseils pour accompagner l’enfant en deuil et l’aider à vivre et à se construire.
Pour elle, il est fondamental d’aider l’enfant à habiter sa peine afin que son chagrin et sa souffrance ne soient pas « gommés » mais au contraire, intégrés dans la paix intérieure.
Que ressent l’enfant en deuil ?
L’enfant en deuil vient de vivre un traumatisme, c’est un handicapé affectif. Il vient d’être amputé d’une partie de ses racines.
S’il est âgé de moins de sept ans, il n’a pas la notion de temps, il vit dans l’instant présent, sa tristesse est donc plus fugitive et il nous appartient, nous les adultes, de ne pas projeter sur lui nos émotions et nos peurs.
Pour lui, la mort est réversible, pas naturelle et contagieuse. Il faudra donc trouver une cause et la culpabilité est très forte, surtout entre 4 et 6 ans et entre 12 et 14 ans. L’enfant va avoir peur que son autre parent ne meure à son tour.et s’obliger par exemple à être gentil.
Au fil du temps, selon son caractère, il peut aussi s’isoler et s’enfermer dans un déni protecteur pour éviter de souffrir. Il peut régresser, se replier ou devenir agressif et rebelle, témoignant de son instinct de survie.
L’enfant est impacté par la mort. Les émotions ne sont pas encore identifiées mais imprimées à jamais.
L’enfant ne verbalise pas, il suit. Le travail de deuil ne pourra donc se faire petit, il faudra faire ce travail une fois adulte en se faisant accompagner pour laisser revivre notre enfant intérieur en deuil, laisser remonter les émotions et « déplier notre cœur » meurtri. Ce sera important de lui dire cela quand il sera grand et de le pousser à faire un travail sur lui à ce moment là.
Faire un travail de deuil, c’est, pour les adultes, aller dans tous les coins de sa peine partout où elle nous a meurtrie, pour transformer l’absence en paix intérieure, or, ce travail n’est possible que si on connait la personne morte, si on a des souvenirs, ce qui n’est pas possible pour un enfant jeune.
Pour l’aider dans sa construction d’adulte, nous, l’entourage, avons un vrai rôle préventif à assumer dont je vais vous parler dans mon article « Accompagner l’enfant en deuil ».